Se tirer une balle dans le pied : vous devez certainement penser que cela est particulièrement douloureux et j'imagine que vous avez grandement raison, mais rassurez-vous. Non seulement je suis certainement un aussi mauvais tireur que Patrick dans Les Décharnés et s'il y a alors de grandes chances que, une arme entre les mains, je me tire effectivement dans le pied, celles-ci sont encore plus grandes que je tire tout simplement à côté, bien loin de toute cible. De toute façon, quand on parle d'une balle métaphorique, autant dire que la douleur est elle aussi bien virtuelle. Il n'empêche que oui, je me suis bel et bien tiré une balle dans le pied, et à bout portant. PAN !

Quand et comment ? Vous demanderez-vous peut-être. Tout simplement le jour où j'ai décidé que, pour fêter la sortie de mon second roman, j'immortaliserai ce dernier en publiant une version collector, limitée à 150 exemplaires. Mais qu'est-ce que je raconte ? Je m'explique.

Pourquoi je me suis tiré une balle dans le pied ?

Quand mon aventure d'auteur auto-édité a commencé il y a un peu moins d'un an (le bilan des 1 an très bientôt ici même), je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. Et, une de mes plus grosses surprises et satisfactions, en plus du succès critique qu'a été et que continue à être Les Décharnés, a été de voir se former un groupe de personnes s'intéressant véritablement à mes projets. Vous en faites d'ailleurs très certainement partie si vous lisez ce blog. Ayant bien conscience de tout ce que je dois à tous ceux qui parlent de moi, me suivent sur les réseaux sociaux, cliquent sur le bouton « like », partagent leur avis enthousiaste sur mon roman, bref me soutiennent au quotidien, j'ai eu envie de leur dire merci autrement que via une simple réponse sur les réseaux sociaux ou par mail. C'est ainsi qu'est venue l'idée d'une série limitée et collector pour mon prochain roman – Creuse la Mort - l'envie de publier un beau livre, une pièce de collection pour mes fans (si je puis employer ce mot qui me met toujours assez mal à l'aise).

Malheureusement, ce jour-là, j'ai oublié quelques inconnues dans l'équation. Alors, je ne vais pas m'attarder sur la différence entre s'auto-éditer et s'auto-publier (si cela intéresse certains de mes camarades auteurs, qu'ils n'hésitent pas à me contacter à ce sujet), mais je dirais simplement qu'aujourd'hui, en ayant écoulé à peu près la moitié des exemplaires collectors du roman, je ne suis pas encore rentré dans mes frais. Mais soit, cela n'a guère d'importance pour ce blog.

En fait, là où je me suis tiré une balle dans le pied, c'est dans le lancement de Creuse la Mort. En effet, en lançant sa version collector, je n'avais tout simplement pas réalisé à quel point je venais de mettre en péril la réussite de sa sortie. Car, si j'ai été très heureux de préparer des dizaines de commandes les premiers jours – vous imaginez le plaisir de voir des gens m'acheter directement mon nouveau roman car ils aiment ce que je fais – j'ai rapidement réalisé que je venais de me priver d'une grande force de lancement sur les plateformes principales de vente. Je vais uniquement parler d'Amazon, car c'est là que je vends majoritairement, mais, en attirant mes fans vers une version collector, le résultat a été que le jour de son lancement et les suivants, Creuse la Mort ne s'est presque pas vendu sur Amazon. Résultat, alors qu'il s'agissait d'une nouveauté et que pour moi le roman a tout pour attirer un public bien plus large que Les Décharnés (qui souffre beaucoup de la mauvaise image du zombie chez certain), notamment grâce à une couverture et un synopsis qui attirent le chaland et à un genre – le thriller surnaturel – qui touche plus de monde, Creuse la Mort n'a pas bénéficié de la visibilité qu'un grand nombre de ventes le jour du lancement (en fait, l'équivalent de celles du collector) aurait pu permettre. Au final, il s'est rapidement enfoncé dans les classements jusqu'à quasiment disparaître du radar de potentiels lecteurs alors que, j'en suis persuadé, ce roman a de quoi plaire à beaucoup de monde et a, de surcroît, bénéficié d'un travail de relecture et de correction qui le place facilement au même niveau que l'édition standard (et je ne suis pas le seul à le dire).

Le constat a d'ailleurs été le même pour les commentaires, dont vous connaissez certainement l'importance capitale sur Amazon et les autres sites de vente (un roman commenté et bien noté est un roman qui attire l’œil, l'intérêt et qui apparaît mieux classé dans les résultats de recherche !). Car, après plus de deux mois, Creuse la Mort n'a à ce jour que 9 commentaires. Oui, ils sont tous très bons et il est vrai que certains s'en contenteraient, mais ce serait mentir et être malhonnête que de dire que je n'en attendais pas plus, surtout quand on connaît la réussite de Les Décharnés à ce sujet. Au-delà de leur faible nombre (évidemment lié aux faibles ventes sur ce support), l'autre problème est que même si certains lecteurs ont eu la gentillesse énorme de poster un commentaire bien qu'ayant acquis la version collector (je les remercie encore et ils se reconnaîtront), la situation est telle que seuls 2 commentaires sur les 9 ont reçu la mention « Achat vérifié » ô combien importante pour Amazon qui envisage d'ailleurs de ne plus afficher directement les commentaires n'ayant pas cette mention. Du coup, là aussi, je me suis tiré une balle dans le pied qui contribue à l'oubli progressif d'un roman qui, j'en suis convaincu, aurait pu avoir un lancement encore plus réussi que celui de Les Décharnés (120 exemplaires le premier mois).

Attention, cependant, ne vous méprenez pas : je ne m’apitoie pas du tout sur mon sort. Je ne fais que dresser un constat pour que cette expérience puisse servir à d'autres auteurs et que mes lecteurs puissent comprendre davantage leur rôle essentiel dans toute cette aventure. Parce que, comme le disait le titre : je ne regrette pas tout.

Mais pourquoi je ne le regrette pas (totalement) ?

La première raison est toute bête : j'ai réussi mon pari. Je voulais faire plaisir à mes lecteurs avec un beau livre, richement illustré par mon frère, avec une belle couverture bien épaisse, et je pense y être parvenu étant donnés les retours que j'ai eus jusqu'à présent. D'autant que le roman est disponible à petit prix, je pense, pour un tel ouvrage. Donc, non, comment regretter avoir fait plaisir à des gens qui me soutiennent tant et me motivent à continuer dans cette aventure d'auteur ? Puis ce serait aussi mentir si je ne reconnaissais pas qu'avoir un si beau livre ne me faisait pas tout autant plaisir car, narcissique ou pas, mes romans trônent fièrement dans ma bibliothèque.

L'autre raison principale est également assez simple. Cela ne fait pas encore un an que j'ai commencé à m'auto-éditer (et m'auto-publier donc) et je n'ai sorti que deux romans. La vie est ainsi, il faut essayer des choses, essuyer des échecs pour apprendre. Non seulement j'ai pris plaisir à travailler à l'édition de cette version collector, mais cela m'a permis de découvrir d'autres aspects de l'édition, de tenter une autre aventure. Elle n'est certes pas totalement concluante, mais soit, j'ai l'impression d'avoir progressé et d'être davantage capable à présent de lancer un roman. Et vous le verrez, je tenterai encore une chose différente pour mon futur roman puisqu'il sera d'abord publié en épisodes numériques. Je suis touche-à-tout et je le revendique. Il faut juste savoir tirer les bonnes leçons, ce que je pense avoir fait.

Donc, non, je ne le regrette pas totalement et j'espère que vous non plus, surtout si vous avez un gentil, enfin pas si gentil, Creuse la Mort à la maison.

Bref, j'espère que ce partage d'expérience vous aura intéressés et pourra être utile à certains. En tout cas, ne boudez pas pour autant la version collector de Creuse la Mort, car ce serait vraiment dommage que certains exemplaires d'un si bel objet finissent par venir caler mes meubles (ce dont je doute malgré tout !). Pareillement, j'en profite, mais vous l'avez compris, pour vous inviter à nouveau à poster un petit commentaire sur Amazon (même si vous avez acheté la version collector) car c'est vraiment petit à petit et, je l'espère, avec les futures critiques de blogueurs, que Creuse la Mort pourra s'extirper de la fosse dans laquelle il est tombé et envahir vos bibliothèques et celles de vos amis. Hauts les cœurs !