22 févr. 2017

[Blog N°10] Pourquoi mes romans ne sont pas présents en librairie, ou très peu ?

Quand on aime la lecture, il y a bien un endroit où on adore forcément flâner : les librairies, des plus grosses aux plus petites, pour peu qu'il y ait des livres à découvrir. Ce même lieu où tout auteur aimerait pouvoir retrouver ses ouvrages. Pourtant, pour un auteur indépendant, être disponible en librairie relève presque de l'impossible.
Évidemment, une large disponibilité en rayon et une grosse mise en avant en boutique font partie des services que seule peut offrir une grosse maison d'édition réputée, du genre de celles dont les titres – peu importe leur qualité – s'écouleront à coup sûr en magasin. Quand on est indépendant ou édité chez un petit éditeur, on peut tirer un trait sur cela. Mais doit-on pour autant abandonner ce terrain et se concentrer uniquement sur des ventes en ligne, et dans mon cas, uniquement sur Amazon ? Je ne pense pas.
Malheureusement, la question est ici celle de la faisabilité. Personnellement, depuis que je m'auto-édite, mon objectif est resté le même : être lu sans pour autant me brader car j'estime que mon travail ne démérite pas. Dans cette optique, il est donc normal de vouloir rendre ses écrits aussi disponibles que possible et ainsi de multiplier les « points de contact » avec de potentiels lecteurs. Certains me rappelleront peut-être mon choix d'offrir l'exclusivité numérique à Amazon (ce qui me prive évidemment de relais comme Kobo ou autres), mais je les renvoie alors vers l'article où j'explique ce choix tout en leur rappelant que je n'envisage pas cette exclusivité comme quelque chose de permanent, mais plutôt comme une manière de mettre le pied à l'étrier pour me construire un semblant de notoriété auprès d'un lectorat plus défini et « facile » à atteindre. Quoiqu'il en soit, il n'en reste pas moins que, dans cette optique là, être disponible en librairie fait évidemment partie de mes priorités car, si on peut surfer sur Amazon à la recherche d'un aspirateur et tomber sur un roman par hasard, quand on entre en librairie, on ne cherche probablement pas le dernier Dyson, mais, évidemment, sa prochaine lecture.


Parfois disponible et commandable

Toutefois, comme je le disais, si être disponible dans toutes les librairies, bien disposé sur les tables et rayonnages, relève de l'impossible pour un auto-édité, il reste plusieurs solutions pour malgré tout avoir un semblant de présence.
La première qui, par expérience fonctionne, est de démarcher personnellement des libraires. Cela fonctionne tout simplement car, bon nombre de libraires, surtout si vous êtes de la région, accepteront vos romans en dépôt-vente (c'est-à-dire que vous ne facturerez que les exemplaires vendus et que si un roman ne part pas, cela n'aura rien coûté au libraire, vous n'aurez qu'à le récupérer). Inconvénient majeur toutefois : votre zone d'action se limitera forcément aux alentours de votre domicile (pour gérer le réapprovisionnement sans avoir de frais de port etc). Alors oui, vous ne serez toujours pas disponible à l'échelle nationale, mais quand on est un auteur auto-édité, je pense que l'on doit construire son lectorat, lecteur après lecteur. Chaque nouveau lecteur est un cadeau et je suis personnellement très content de pouvoir compter sur la confiance de plusieurs libraires de ma région (découvrez la liste si vous êtes du Nord ou des Alpes-De-Haute-Provence).
La seconde, et c'est déjà un grand pas, est d'être référencé par tous les libraires de France (ou du moins une grande partie). Autant dire qu'à ce niveau-là, je suis loin d'être un spécialiste, mais je sais qu'un grand nombre de libraires passent via Dilicom (qui gère un catalogue, parmi d'autres). Or, pour un auteur auto-édité, il est tout à fait possible de le faire. Je l'ai fait et il est fort probable que si vous tentiez de commander un de mes ouvrages chez votre libraire, celui-ci ait accès à la fiche de mes romans et à celle de mon auto-entreprise d'édition – Post-apo Éditions. Mais, c'est là que nous revenons à la question de la faisabilité.


Mais pas vraiment commandable

Car, oui, je suis présent et visible dans leur système. Oui, ils peuvent me contacter directement pour commander le roman. Malheureusement, non, je ne peux pas à ce jour donner suite à la commande. Cela en désintéressera peut-être certains, mais je tenais via cet article à mettre en avant cette grosse barrière qui empêche parfois les auto-édités (et les petites maisons d'édition) de vendre leurs ouvrages.
Car, pourquoi ne puis-je pas accepter la commande de votre libraire à laquelle j'aimerais pourtant répondre par l'affirmative ? Tout simplement parce que le faire reviendrait à vendre à perte. En effet, alors que je pensais encore récemment avoir trouvé un moyen d'envoyer mes romans à moindre coût (3€50 le livre broché tout de même) et donc de pouvoir accepter les commandes, les frais de fabrication de mes livres, cumulés à la remise accordée au libraire (de l'ordre de 30% du prix de vente TTC) ainsi qu'aux charges sociales de l'auto-entrepreneur (dans mon cas environ 15% sur mon CA et non sur mes bénéfices), il m'est impossible de vendre sans que le librairie ou moi-même ne le fassions à perte. Donc, oui, à l'heure actuelle, mes romans sont commandables dans beaucoup de librairies sans réellement l'être dans les faits.


Pas vraiment commandable, pour le moment

Cela veut-il pour autant dire que j'abandonne l'idée ? Pas du tout. À vrai dire, les leviers qui me permettraient enfin d'accepter ces commandes et donc de vous inviter à passer par votre libraire préféré pour me lire (plutôt que par Amazon si telle est votre préférence) sont même plutôt clairs pour moi.
Parmi ces leviers, nous pouvons déjà retirer les tarifs (prohibitifs) de La Poste, car je n'ai évidemment aucun moyen d'agir dessus et ai déjà identifié la manière la moins onéreuse d'expédier mes romans (au format broché), ainsi que celui des charges sociales d'autant qu'avec les élections de ce printemps, le statut d'auto-entrepreneur pourrait grandement évoluer. Il en reste donc deux : le prix de mes romans et leur coût de fabrication.
Car oui, en augmentant le prix de mes romans, même si cela signifierait payer davantage de charges, cela serait tout bonnement possible. Pourtant, je ne le ferai pas. Non seulement car cela léserait les lecteurs (très nombreux) qui passent par Amazon pour découvrir la version papier de mes romans (et qui profitent donc du port à 0,01€), mais également car je considère que cela serait malhonnête de ma part. J'ai décidé de vendre mes romans en version broché à des prix attractifs (sans pour autant me brader), alors je ne changerai pas.
C'est donc, vous l'avez compris, sur le dernier point - le coût de fabrication de mes romans – que je vais travailler dans les prochaines semaines. À ce jour, les versions papiers que je propose en librairie et sur les salons sont les mêmes que celles vendues sur Amazon et donc imprimées par CreateSpace, le partenaire d'Amazon. Cependant, cela a plusieurs inconvénients. Certes, les livres sont de bonne qualité et j'en suis globalement très satisfait, mais lorsque je dois en commander, ceux-ci sont imprimés aux États-Unis et les frais de port (quand je n'ai pas de surcroît la chance de voir mes cartons sélectionnés par la douane et donc taxés en sus) viennent considérablement gréver ma marge et donc ajoutent au prix de fabrication des livres. J'ai donc décidé, comme j'avais pu le faire pour la version collector de Creuse la Mort, de travailler avec un partenaire français et de réaliser une version (aussi proche que possible de celle d'Amazon et encore plus qualitative si possible) qui sera dédiée aux libraires, salons et aux achats directement sur ma boutique. Certes, le risque de me tirer une balle dans le pied comme avec la version collector de Creuse la Mort sera toujours là, mais ici l'objectif ne sera pas de proposer un objet unique et complètement différent de ce qui est vendu sur Amazon, mais de proposer un circuit alternatif d'achat à mes lecteurs qui ne souhaitent pas passer par Amazon. Et, ne souhaitant pas faire les choses à moitié, j'étudie également aujourd'hui la possibilité pour tous les libraires passant par Dilicom de commander directement mes romans sans même avoir à me contacter, ainsi que l'idée de ne plus travailler avec CreateSpace et de vendre moi-même sur Amazon. Mais, tout cela pourra se faire à condition de trouver le bon partenaire imprimeur.
Voici donc de quoi bien m'occuper ces prochaines semaines, en parallèle des corrections des trois premiers épisodes de Les Orphelins de Windrasor dont je pourrais bien parler ici-même très très prochainement. On se donne rendez-vous la semaine prochaine ?

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8 commentaires

Elijaah Lebaron
Un article bigrement intéressant dont je suis curieux de lire la suite dans quelques semaines.
Merci
22 févr. 2017 at 13h55 • Répondre
Paul Clément
Merci. Si je trouve une solution convenable, je ne manquerais évidemment pas de la partager. Bonne journée !
23 févr. 2017 at 10h21 • Répondre
Céline Saint-Charle
As-tu envisagé de passer par des plate-formes d'impression à la demande type BoD ? Chez eux, pour 19€ par livre, tu es référencé en ligne, commandable par tous les libraires, et avec un produit fini de bonne qualité.
22 févr. 2017 at 18h30 • Répondre
Paul Clément
C'est une option que j'avais étudiée, mais dans le cas de BoD les tarifs sont prohibitifs. Je ne parle pas des 19€, mais du coût de l'impression pour se constituer un stock perso ainsi que de la marge ridicule qui est laissée à l'auteur - en gros ils se récupèrent une part éditeur, dans ce cas, à quoi bon être auto-édité ? C'est pour cela que j'essaie de trouver une voie plus indépendante encore.
23 févr. 2017 at 10h23 • Répondre
The Book Lovers
Hello ^^ Article très intéressant !
Connais-tu Ingram Spark (http://www.ingramspark.com) qui propose plus ou moins le même service que createspace, mais avec des impressions en France (ou en Europe...) qui baissent considérablement les frais d'envoie. Pour exemple, les Éditions Hélène Jacob utilisent Ingram pour leurs exemplaires auteurs, les salons, dédicaces et pour les librairies. Bon après les infos que j'ai sur ce service dates un peu donc c'est à toi de voir. Bon courage en tout cas ;)
23 févr. 2017 at 12h43 • Répondre
Paul Clément
Merci beaucoup pour l'info, je vais regarder ça !
23 févr. 2017 at 13h53 • Répondre
Rebecca G
Eh ben, on en apprend des choses sur ce blog!!! Merciii!! :D
1 mars 2017 at 22h52 • Répondre
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