6 nov. 2020

[BLOG N°23] Où se procurer mes livres pour me soutenir financièrement ?

J'ai la chance, depuis bientôt cinq ans, d'avoir vu, roman après roman, une réelle communauté de lecteurs fidèles et enthousiastes se former autour de mes créations. Sans eux - sans vous probablement si vous lisez cet article -, je ne prendrais pas un tel plaisir à partager le fruit de mes centaines d'heures de travail. Leurs encouragements, leurs petits mots, leurs attentions, sont peut-être mon plus beau « salaire ». Il y en a pourtant un autre, plus terre à terre, celui qui me permet de mettre du beurre dans les pâtes, au sujet duquel vous êtes nombreux, et tout particulièrement à l'approche de la sortie de Elle est la Nuit, à me questionner. Cette question - et je suis heureux que ce soit un sujet de préoccupations pour tant de lecteurs - peut se résumer ainsi : "Où doit-on acheter tes romans pour te soutenir financièrement ?"
Je commencerai par souligner qu'il n'y a, pour moi, aucune notion d'obligation. Chacun est bien libre d'acheter où il le désire sans que j'émette le moindre jugement à ce sujet. Qu'une personne décide d'allouer une partie de son budget loisirs à mes romans est déjà un gage de confiance pour lequel je ne peux qu'être reconnaissant en tant qu'auteur ; et peu m'importe alors le pourcentage qui me revient. Il est néanmoins vrai que les disparités peuvent être très fortes selon le « distributeur », j'ai donc décidé de compiler pas mal de données afin de vous offrir une vision claire et transparente de ces différences.
Mes romans étant distribués autant en version papier que numérique, pour lesquelles les logiques (de tarification, de distribution etc) diffèrent, j'ai séparé les deux. Parlons d'abord du roman papier.

LIVRES BROCHÉS

Bien qu'étant un auteur indépendant, mes romans sont très largement distribués au format papier. Certes, vous ne les verrez pas en rayon aux côtés des dernières nouveautés, mais il est possible de les commander n'importe où, que ce soit à distance sur la FNAC, sur Amazon, en librairie ou sur ma boutique auteur ; ou bien en direct en me rencontrant en dédicace (grande surface ou salon du livre). Le graphique ci-dessous montre en moyenne comment ce que vous dépensez pour obtenir un de mes romans, est réparti entre le coût de fabrication (d'impression) de l'objet-livre, les frais d'envoi, la part revendeur (la remise accordée au distributeur), mes charges sociales, la TVA, les frais Paypal et les bénéfices qui me reviennent.
Cliquez pour voir en grand.
La graphique étant, il me semble, assez transparent, je ne vais pas épiloguer sur chaque point. Il me revient cependant d'en éclairer certains :
1) Des bénéfices riquiqui chez la FNAC. Je me répète : je ne juge aucunement les lecteurs qui se procurent mes romans sur la FNAC (au contraire, je les remercie) ; il s'agit cependant du seul distributeur pour lequel la part qui m'est reversée est vraiment très faible. Pourquoi ? Sachez simplement que, pour travailler en direct avec eux, il faut leur accorder une remise de 40% sur le prix HT et payer soi-même l'envoi des commandes dans leurs entrepôts... C'est donc le seul distributeur pour lequel je me permettrais de dire qu'il vaut mieux, si on le souhaite et le peut, acheter ailleurs pour me soutenir... C'est malheureux, mais c'est ainsi.
2) Un coût de fabrication du livre plus élevé chez Amazon. Si vous commandez un de mes romans au format papier chez Amazon, il faut savoir que ce livre ne proviendra pas directement de mon stock personnel à la différence des commandes passées auprès de tous les autres distributeurs. Vous recevrez en effet un livre imprimé à la demande et expédié par Amazon ; la mise en page sera similaire, mais le papier sera différent pour la couverture et l'intérieur. Malheureusement, ce sont des livres que je trouve de moindre qualité que les exemplaires que je fais imprimer moi-même... Alors, pourquoi est-ce que je ne vends pas mes propres exemplaires via Amazon ? Tout simplement parce que, si je devais travailler en direct avec Amazon, tenez-vous, ce n'est pas 40% de remise que je devrais accorder (comme à la FNAC) mais 50% ! Et bien sûr les frais d'envoi en entrepôts des commandes m’incomberaient toujours. Je vendrais à perte... Autant dire que je n'ai pas vraiment le choix.
3) De faibles frais d'envoi en librairie. Ne vous y trompez-pas : ça ne coûte pas moins cher d'envoyer un roman chez un libraire. Les frais de port semblent plus faibles sur le graphique tout simplement car le libraire en paie lui-même une partie ; je ne montre que ce qui m'incombe. Il ne faut donc pas croire que le libraire « se gave », c'est bien La Poste qui « se gave ». Néanmoins, je voulais montrer la remise importante que j'accorde aux libraires, justement pour compenser la facturation d'une partie des frais de port. L'objectif : qu'ils soient eux aussi gagnants.
Passées ces remarques préliminaires, il apparaît au premier coup d'œil que, pour me soutenir financièrement, il vaut mieux acheter mes livres directement auprès de moi que ce soit en grande surface, en salon ou via mon site. C'est logique : il y a moins d'intervenants, ma part augmente donc (pas de frais d'envoi en grande surface, pas de part revendeur sur mon site auteur etc). Il m'appartient toutefois d'apporter quelques précisions que je ne pouvais pas intégrer au graphique.
1) Des frais non mentionnés pour les salons et mes déplacements en grande surface. Nombre de mes lecteurs le regrettent : je suis bien trop souvent en dédicace dans ma région ou chez mes voisins Belges et, très peu, voire jamais, ailleurs. La raison est simple : plus je m'éloigne, plus il y a des frais annexes qui apparaissent (essence, logement, restauration), des frais qui, malheureusement, peuvent parfois grandement impacter « l'intérêt financier » d'un déplacement. Or, ayant encore énormément de lecteurs à séduire dans ma région, j'essaie donc au maximum de limiter ces impondérables liés aux déplacements. Cependant, je suis sûr que le jour viendra où je pourrai me déplacer partout plus sereinement.
D'autre part, en ce qui concerne les salons du livre, l'absence de « part revendeur » est quelque peu trompeuse. Certains salons, c'est vrai, sont gratuits mais les plus importants ont un coût de participation fixe pouvant aller de quelques dizaines d'euros à plusieurs centaines d'euros. D'autres encore, notamment en présence d'un libraire qui se charge des encaissements, demandent qu'on accorde une remise de 20 à 30% à ce même libraire. Dans ce dernier cas, acheter mes romans en salon du livre revient à les acheter en dédicace en grande surface.
2) Quelle est la valeur d'un commentaire sur Amazon ? C'est une bonne question... En publicité et en marketing, il est très difficile de déterminer avec précision les « gains » permis par telle ou telle action. Le calcul du retour sur investissement est souvent de l'ordre de l'approximatif, voire de l'inquantifiable. Chez Amazon, il en va de même avec leur système d'évaluations. Comment fonctionne l’algorithme, le dieu tout puissant de ce géant ? Personne ne le sait exactement... Il est toutefois indiscutable qu'Amazon fonctionne en cercles vertueux. Un produit qui ne se vend pas, qui ne suscite pas de réactions, disparaît du radar... Un produit qui se vend et qui est commenté par les acheteurs, est mis en avant, ce qui entraîne de nouvelles ventes, de nouveaux commentaires et ainsi de suite... C'est aussi simple que cela.
Ce qui m'amène à dire qu'acheter mes romans sur Amazon est peut-être un moyen très efficace de me soutenir à la seule et unique condition d'y laisser un commentaire après la lecture du livre. La part qui me sera reversée sera certes plus faible que via d'autres distributeurs, mais, qui sait ce que le commentaire laissé engendrera ? L'expérience montre que les livres commentés (notamment avec la mention "achat vérifié") sont ceux qui marchent le mieux. Toujours est-il qu'un lecteur qui achèterait directement auprès de moi un livre dédicacé et en parlerait ensuite (dans les groupes de lecture Facebook, sur les réseaux sociaux du livre, à ses proches etc) jouerait probablement un rôle similaire, à la seule différence que l'accumulation de commentaires sur Amazon a un vrai effet positif dans le temps et pas uniquement à un instant t. Ce qui n'enlève rien à l'importance extrême du bouche-à-oreille pour les auteurs indépendants ; il ne faut simplement pas négliger cette puissance acquise par Amazon qui permet aux auteurs peu connus de rencontrer de nouveaux lecteurs.
Bref, chacun agira bien à sa guise, je pense que vous savez tout maintenant.
Parlons, plus brièvement, maintenant des livres numériques.

LIVRES NUMÉRIQUES

Ici, comme les règles de redevances changent chez Amazon selon la tarification, j'ai séparé chez eux mes romans vendus 3,99 € et 4,99 € (Creuse la Mort, Les Décharnés, Les Orphelins de Windrasor Trilogie et Elle est la Nuit) de ceux vendus 1,99 € (format épisodique de Les Orphelins de Windrasor) pour plus de clarté.
Cliquez pour voir en grand.
Une remarque : ne vous fiez pas au petit nombre de colonnes du graphique ; mes romans (sauf Elle est la Nuit) sont bien disponibles en numérique sur un très grand nombre de plateformes. Ce faible nombre s'explique par ma stratégie de diffusion : alors que je distribue moi-même par Amazon et Kobo (FNAC), j'utilise les services de Bookelis pour la distribution sur toute les autres plateformes (Bookeen, Cultura etc). Il y a donc un intervenant supplémentaire dans ce dernier cas d'où une part me revenant moins importante.
Je n'ai ici pas d'autres remarques à faire ; le graphique parle de lui-même. Vous constaterez simplement la disparition logique pour du dématérialisé des frais de fabrication et d'envoi (même si Amazon facture de faibles frais de livraison selon le poids des fichiers...).
Je reviendrai uniquement sur mon point précédent concernant l'importance de commenter et d'évaluer sur internet les lectures que l'on apprécie. Cela est d'autant plus important dans l'univers des livres numériques. Un livre commenté que ce soit sur telle ou telle plateforme (même si le cercle vertueux est particulièrement puissant sur Amazon) sera toujours plus visible, suscitera toujours plus la curiosité et séduira donc toujours plus de lecteurs. Prendre quelques minutes pour écrire un petit mot sur ces plateformes suite à un achat peut faire toute la différence, comme, je me répète, en parler sur les réseaux sociaux ou à ses proches peut réellement conduire un roman au succès. Là, il n'y a aucun secret.
Il est maintenant temps de vous laisser ; ce blog est, il me semble, déjà assez long comme ça. Les données sont nombreuses, les enjeux sont parfois complexes, et nous pourrions en discuter bien plus longuement. Je ne conclurai donc pas par une réponse claire et tranchée à la question initiale, à savoir « où doit-on acheter tes romans pour te soutenir financièrement ? ». Il n'y en a pas de bonne, pas plus que de mauvaise. Chacun agira selon ses préférences, selon ses choix, en son âme et conscience. Acheter le roman d'un auteur indépendant, ne pas s'arrêter à sa lecture et contribuer d'une façon ou d'une autre au bouche-à-oreille : il n'y a que cela de vrai.
Des questions ? Des Remarques ? Les commentaires sont là pour ça.

Partager

0 commentaire

Écrire un commentaire

Cookies et données personnelles.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d'intérêts.
OK